Le président français Macron accueille les dirigeants africains y compris Félix Tshisekedi

Paris – Le président français Emmanuel Macron a accueilli mardi les dirigeants africains et les institutions financières mondiales pour un sommet visant à fournir à l’Afrique un financement essentiel après que la pandémie de Covid-19 ait épuisé les caisses du continent.

L’Afrique a jusqu’à présent été moins durement touchée par la pandémie que les autres régions du monde – avec un total de 130 000 morts à travers le continent, contre 3,4 millions dans le monde.

Mais le coût économique n’est que trop apparent, le Fonds monétaire international avertissant fin 2020 que l’Afrique est confrontée à un manque de fonds nécessaires pour son développement futur – un déficit financier de 290 milliards de dollars jusqu’en 2023.

Alors que les pays plus riches mènent de grands programmes de relance économique, l’Afrique «n’a pas les moyens financiers aujourd’hui de relancer son économie», a déclaré à RFI le ministre des Finances, Bruno Le Maire.

Il a mis en garde contre le risque d’une «grande divergence économique entre l’Afrique, qui reculerait, alors que les États-Unis, l’Europe et l’Asie se remettent fortement».

Un moratoire sur le service de la dette publique convenu en avril de l’année dernière par le G20 et le Club de Paris, un groupe de pays créanciers qui tente de trouver des solutions durables pour les pays débiteurs, a été bien accueilli mais ne suffira pas.

Beaucoup souhaitent un moratoire sur le service de toute la dette extérieure jusqu’à la fin de la pandémie.

«Nous sommes collectivement en train d’abandonner l’Afrique en utilisant des solutions qui datent des années 1960», a déclaré Macron le mois dernier, avertissant que l’échec entraînerait une réduction des opportunités économiques, des flux migratoires soudains et même l’expansion du terrorisme.

Parmi les chefs de file internationaux de la finance, la chef du FMI Kristalina Georgieva et le directeur général des opérations de la Banque mondiale, Axel van Trotsenburg.

Le sommet, qui a débuté à 11 h 00 GMT, se terminera par une conférence de presse à 16 h 00 GMT avec Macron et le président de la République démocratique du Congo Felix Tshisekedi, dont le pays détient la présidence tournante de l’Union africaine, ainsi que le président sénégalais Macky Sall et Georgieva. .

Serge Ekue, président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), a déclaré à l’AFP que l’Afrique avait besoin de maturités de prêt beaucoup plus longues dépassant sept ans et de taux d’intérêt de 3,0% au lieu de 6,0%.

«En Afrique de l’Ouest, l’âge moyen est de 20 ans. Vous entrez à Abidjan (la capitale économique de la Côte d’Ivoire) et il y a une énergie incroyable», a-t-il dit, notant que l’Afrique avait connu des taux de croissance de cinq à six pour cent ces dernières années. (AFP)

«L’enjeu n’est donc pas tant un moratoire que l’obtention de taux bas. Parce qu’il vaut mieux émettre une dette nouvelle, moins chère et plus longue que d’obtenir une suspension », a-t-il déclaré.

Le président togolais Faure Gnassingbé a annoncé que son pays avait obtenu un paquet supplémentaire de 240 millions de dollars du FMI.

Le sommet intervient un jour après une conférence lundi à laquelle ont participé plusieurs chefs d’État qui visaient à rallier le soutien au gouvernement soudanais du Premier ministre Abdalla Hamdok dans la transition après l’éviction en 2019 de l’homme fort de longue date Omar el-Béchir.

Macron a notamment annoncé que la France annulerait près de 5 milliards de dollars de dettes de Khartoum afin de contribuer à une transition qu’il a qualifiée d ‘«inspiration».

Les deux rencontres, organisées dans un centre d’expositions temporaires à l’ombre de la Tour Eiffel à Paris, sont l’occasion pour Macron de se montrer comme un homme d’État sur l’Afrique dont l’influence dépasse les régions francophones du continent.

Plus de deux douzaines de chefs d’État africains assistent au sommet de mardi, l’une des plus grandes réunions de haut niveau en personne tenues pendant la pandémie de Covid-19.

Parmi les autres personnalités présentes figurent le président sud-africain Cyril Ramaphosa et ses homologues rwandais, égyptien et mozambicain Paul Kagame, Abdel Fattah al-Sisi et Filipe Nyusi.

Un responsable présidentiel français a déclaré que Macron et Nyusi, dont le pays est aux prises avec une insurrection islamiste sanglante dans son nord, tiendraient une réunion bilatérale mardi.

Le responsable a déclaré que le sommet serait également l’occasion pour la communauté internationale de coordonner les efforts pour aider le Mozambique.

Le Maire a déclaré qu’un financement était nécessaire pour financer les campagnes antiterroristes, d’autant plus importantes que «l’épicentre du terrorisme s’est déplacé du Moyen-Orient». (AFP)