Macron au Rwanda pour tourner la page sur les tensions post-génocide

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Le président français Emmanuel Macron est arrivé jeudi au Rwanda pour une visite hautement symbolique visant à sortir de trois décennies de tensions diplomatiques sur le rôle de la France dans le génocide de 1994 dans le pays.

Macron est le premier dirigeant français depuis 2010 à se rendre dans ce pays d’Afrique de l’Est, qui a longtemps accusé la France de complicité dans le meurtre de quelque 800 000 Rwandais pour la plupart tutsis.

Il a atterri à Kigali peu après 7 heures du matin, heure locale, pour une visite d’une journée bien remplie avant de se rendre en Afrique du Sud vendredi, selon la présidence française.

Le moment clé de l’étape rwandaise viendra lorsque Macron prononcera un discours jeudi matin au Mémorial du génocide de Kigali, où sont enterrés quelque 250 000 victimes des massacres.

Certains au Rwanda espèrent recevoir des excuses officielles selon lesquelles la France n’a pas réussi à mettre un terme à la frénésie meurtrière entre avril et juillet 1994.

« Ce serait une très bonne chose qu’Emmanuel Macron s’excuse », a déclaré Freddy Mutanguha, directeur de l’ONG Aegis Trust qui gère le mémorial de Kigali.

Le président rwandais Paul Kagame a minimisé l’importance de la question, affirmant que toute excuse à ce sujet devait être spontanée.

Quelle que soit la formulation exacte de ses propos, Macron devrait aller plus loin que ses prédécesseurs.

Le président a tweeté qu’au moment où son vol a décollé pour Kigali, il a ressenti « une conviction profonde: dans les heures à venir, nous écrirons ensemble un nouveau chapitre de nos relations avec le Rwanda et l’Afrique ».

« La volonté du président d’examiner notre histoire, notre passé, de manière directe et transparente, est la meilleure façon d’avancer », a déclaré le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal.

En 2010, Nicolas Sarkozy a tenté de briser la glace en avouant des «fautes graves» et une «forme d’aveuglement» de la part des Français pendant le génocide.

Ses remarques n’ont pas répondu aux attentes au Rwanda et les relations bilatérales ont continué de s’aggraver.

«  Responsabilité importante  »

 Cependant, les liens se sont réchauffés sous Macron, qui a pris plusieurs mesures pour panser les blessures, notamment en formant une commission dirigée par l’historien Vincent Duclert sur le rôle de la France dans le génocide. derrière les massacres, d’être « aveugle » aux préparatifs du génocide et d’avoir déclaré qu’il portait une responsabilité « grave et écrasante ». La commission n’a cependant trouvé aucune preuve de la complicité française dans l’effusion de sang. « porte une responsabilité significative » pour avoir permis le génocide au Rwanda, mais a refusé de reconnaître son véritable rôle dans l’horreur de 1994.

Dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique, Kagame a déclaré que malgré les légères divergences de conclusions des deux commissions « ,ces rapports jettent une base solide pour bâtir une meilleure relation entre nos deux pays. « Pour consolider leur rapprochement, Macron devrait profiter de la visite pour nommer un ambassadeur au Rwanda, occupant un poste laissé vacant depuis 2015. Alors que le Rwanda est souvent salué.

En tant que réussite pour la stabilité comparée et la croissance économique acquise au cours des décennies qui ont suivi le génocide, Kagame est régulièrement critiqué par des groupes de défense des droits pour avoir écrasé la dissidence.Kagame est au pouvoir depuis l’âge de 36 ans, lorsque son Front patriotique rwandais (FPR) L’armée rebelle a mis en déroute les forces génocidaires et s’est emparée de Kigali.

Un amendement constitutionnel de 2015 sur la limitation des mandats pourrait lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2034.Deux des plus hauts dirigeants de l’opposition rwandaise ont accusé mardi Macron d’ignorer la répression politique et les violations des droits dans leur pays. »

Le président français Emmanuel Macron n’hésite pas publiquement à fustiger carrément les régimes dictatoriaux mais garde le silence sur le régime autoritaire et les violations des droits de l’homme par le régime rwandais », ont déclaré les critiques Victoire Ingabire et Bernard Ntaganda dans un communiqué.