La paix ne tombera pas du ciel, dit le pape François aux Congolais

Le pape François a délivré mercredi un message de paix en République démocratique du Congo alors qu’il rencontrait des survivants et des victimes des atrocités de la guerre dans l’est de la RDC.

Mercredi après-midi, le souverain pontife a été confronté à une dure réalité alors qu’il recevait des témoignages émouvants de victimes de violences qui combattent dans le Nord et le Sud-Kivu et en Ituri depuis la fin des années 1990.

Des hommes, des femmes et même des enfants, dont certains avaient les bras coupés, se sont relayés pour témoigner de leur souffrance. Ils ont montré au pape leurs parties de corps blessées.

Les rescapés sont venus à Kinshasa raconter à Francis leur calvaire. Leurs corps portent l’impact de la violence dans l’est de la RDC. Devant le pape, ils ont exprimé ce dont ils avaient besoin : trouver la paix et vivre dans [leur] communauté sans avoir à payer le lourd tribut de la mort brutale.

Esclaves sexuels

Des femmes ont raconté comment elles avaient été transformées en esclaves sexuelles par des rebelles ou des groupes armés, et beaucoup avaient vu leurs proches tués ou découpés devant elles.

Selon Aimeda Wakarungulu, un ancien otage des rebelles, les assaillants ont forcé leurs captifs à manger la chair humaine des victimes précédemment tuées.

Ces survivants de la violence dans l’est de la RDC ont alors déposé des machettes, des couteaux et d’autres armes devant le pape dans l’espoir qu’ils n’entendront plus jamais parler de guerre et de violence dans leurs provinces.

Choqué par la violence

En réponse à ces témoignages, le pape a avoué qu’il « est choqué par cette violence inhumaine ». François a dénoncé le fait que, selon lui, les médias internationaux ne parlent pas assez de ce qui se passe en RDC. Le pape a déclaré que « la violence a assez duré et qu’elle doit cesser ».

François a commencé par « condamner la violence armée, les massacres et l’exploitation sanglante et illégale des richesses du Congo et la tentative de partition du pays ».

« La guerre est alimentée par des forces internes et externes pour le profit et l’avantage », a déclaré Francis, décrivant la guerre comme « des luttes partisanes où les dynamiques ethniques et territoriales sont entrelacées ».

En référence au conflit avec son voisin le Rwanda, le pape François a exhorté « tous ceux qui vivent en RDC à s’engager pour construire un avenir meilleur ».

« La paix ne tombera pas du ciel », a-t-il déclaré.

Il a déclaré qu' »un nouvel avenir se produira si l’autre, qu’il soit Tutsi ou Hutu, n’est plus un adversaire ou un ennemi, mais un frère ou une sœur ». Il s’agissait d’une référence claire au rôle joué par les rebelles du M23, un groupe dirigé par des Tutsis, dans le conflit.

Connaissant le contexte d’escalade entre la RDC et son voisin le Rwanda et même la méfiance que certains au Congo ont vis-à-vis de l’Ouganda, le pape a déclaré qu' »un voisin est un frère ».

« Frères et sœurs, vos voisins sont vos frères. Tous vos voisins sont vos frères, qu’ils soient burundais, ougandais ou rwandais », a déclaré Francis.

« La paix est possible, croyons-y et travaillons pour elle. Ce pays n’aura pas la paix tant qu’elle ne sera pas atteinte dans sa partie orientale », a-t-il ajouté.

Le pape a délivré le même message de paix lorsqu’il a célébré la messe à l’aéroport de Ndolo mercredi matin en présence du président Félix Tshisekedi et de la classe politique en RDC.