Les élections en RDC continuent sur fond de conflit dans l’est et de retards

rdc election congo

Les bureaux de vote ont ouvert mercredi lors d’élections générales à enjeux élevés en République démocratique du Congo opposant le président sortant Félix Tshisekedi à une opposition fragmentée, alors qu’une grande partie de l’est du pays est embourbée dans un conflit. 

Les bureaux de vote ont ouvert à 6 heures du matin et fermeront à 17 heures, heure locale. Des journalistes de l’AFP ont vu le premier électeur voter dans un bureau de vote de la ville de Kisangani, dans l’est du pays, située dans une région située à une heure d’avance sur l’ouest de cet immense pays, à cheval sur deux fuseaux horaires.

Le vote a ensuite commencé dans plusieurs autres villes, selon les équipes de l’AFP, mais avec des retards et des difficultés bureaucratiques. Un homme de 30 ans, qui faisait la queue depuis trois heures à Goma, dans l’est du pays, a déclaré qu’il commençait à s’impatienter et qu’il allait bientôt abandonner. 

« Nous sommes fatigués. C’est toujours le désordre ici », a-t-il déclaré.  Des problèmes logistiques ont entravé l’organisation de ce scrutin, la commission électorale ayant du mal à transporter à temps le matériel de vote vers des dizaines de milliers de bureaux de vote. Les bureaux de vote ont commencé à ouvrir à 9 heures du matin à Kinshasa, a constaté un journaliste de l’AFP, après de longs retards dans la mise en place.

« Je suis arrivée ici à 5 heures du matin, je suis fatiguée », a déclaré Germaine Kikongo, une fonctionnaire de 67 ans, interrogée dans un bureau de vote du quartier Lingwala de Kinshasa à 8 heures. Les électeurs qui font toujours la queue à 17 heures recevront des jetons et les isoloirs resteront ouverts jusqu’à ce qu’ils votent, a déclaré à l’AFP un responsable de la commission électorale. Le gouvernement a déclaré mercredi un jour férié et, comme lors des élections précédentes, il a fermé les frontières et suspendu les vols intérieurs. 

Environ 44 millions de Congolais, sur un pays de 100 millions d’habitants, sont inscrits pour choisir leur président ainsi que les législateurs des assemblées nationales et provinciales et les conseillers locaux. Plus de 100 000 candidats sont en lice pour différents postes et, même si le dépouillement devrait commencer dès la fermeture des bureaux de vote, les résultats ne devraient pas être annoncés avant plusieurs jours.  

Plusieurs missions d’observation surveilleront le processus de vote, la plus grande étant dirigée par une union d’églises catholiques et protestantes, mobilisant 25 000 observateurs électoraux. Les dirigeants de cette influente mission ont promis mardi de procéder à un « décompte parallèle » pour l’élection présidentielle.

« Candidats étrangers »

Tshisekedi, 60, faces 18 challengers. 

Le président sortant, qui a pris ses fonctions en 2019 et brigue un deuxième mandat de cinq ans, est considéré comme le favori pour remporter le scrutin présidentiel à un tour.

Le bilan de Tshisekedi, comme il l’a lui-même reconnu, est mitigé. Il a présidé des années de croissance économique mais peu de création d’emplois et une inflation galopante. Il demande un autre mandat pour « consolider ses acquis ». 

Tout au long de la campagne, il a également méprisé ce qu’il a qualifié de « candidats étrangers », suggérant que ses opposants ont une double loyauté et manquent de volonté de tenir tête au Rwanda, que la RDC accuse de financer des groupes rebelles sur son sol.

Moise Katumbi, homme d’affaires de 58 ans et ancien gouverneur de la province du Katanga, riche en minerais, est la principale cible de ces attaques. Le conflit armé dans l’est de la RDC a éclipsé une grande partie de la campagne électorale. Les milices sévissent dans cette région troublée depuis des décennies, héritage des guerres régionales qui ont éclaté dans les années 1990 et 2000. Les tensions ont repris depuis que le groupe M23, prétendument soutenu par le Rwanda, a commencé à s’emparer de pans de territoire fin 2021.

Les affrontements avec les combattants du M23 se sont atténués ces dernières semaines, mais les rebelles continuent de dominer de grandes parties de la province du Nord-Kivu. Les citoyens vivant dans ces zones ne pourront pas voter. Parmi les autres candidats à la présidentielle figurent Martin Fayulu, un ancien cadre pétrolier de 67 ans qui affirme être le véritable vainqueur des élections de 2018 qui ont porté Tshisekedi au pouvoir. 

Le gynécologue chirurgical Denis Mukwege, 68 ans, lauréat du prix Nobel de la paix 2018 pour son travail en faveur des victimes de viol, est également candidat. Tous les principaux candidats de l’opposition disent soupçonner le gouvernement de préparer une fraude électorale. Flory Tshimanga, un vendeur de crédits de téléphonie mobile âgé de 32 ans à Kinshasa, a déclaré qu’il pensait que le vote se déroulerait sans problème. « C’est au moment où les résultats arrivent qu’il peut y avoir des problèmes », a-t-il déclaré.