De violents affrontements se sont intensifiés entre l’armée de la République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du M23 dans l’est du Congo, tuant des dizaines de personnes et déplaçant des centaines de milliers de personnes.
Les combats, dans une guerre qui dure depuis des décennies, ont accru le risque d’un conflit généralisé entre le Congo et le Rwanda qui pourrait aspirer les voisins et les forces régionales, notamment l’Afrique du Sud, le Burundi, l’Ouganda, la Tanzanie et le Malawi.
À Kinshasa, la capitale, et à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, les Congolais sont descendus dans la rue pour protester contre la détérioration de la sécurité dans l’est et ont accusé la communauté internationale de ne pas en faire assez pour demander des comptes au Rwanda pour son soutien aux rebelles.
Qu’est-ce que le M23 ?
Le M23, qui fait référence à la date du 23 mars d’un accord de 2009 qui a mis fin à une précédente révolte menée par les Tutsis dans l’est du Congo, est le dernier d’une série de groupes d’insurgés dirigés par les Tutsis à se soulever contre les forces congolaises.
Le groupe a accusé le gouvernement du Congo de ne pas respecter l’accord de paix visant à intégrer pleinement les Tutsis congolais dans l’armée et l’administration.
Il s’engage également à défendre les intérêts des Tutsis, en particulier contre les milices ethniques hutues comme les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), fondées par des Hutus qui ont fui le Rwanda après avoir participé au génocide de 1994 de plus de 800 000 Tutsis et Hutus modérés.
Les rebelles se sont rapprochés de Goma ces dernières semaines et sont désormais stationnés dans les collines à l’extérieur de Sake, à 25 km de Goma, après avoir bloqué les routes principales au nord et à l’ouest de la ville. La capture de Goma constituerait leur plus grande victoire militaire depuis plus d’une décennie.
Qu’est-ce qui a déclenché la dernière révolte ?
En 2012 et 2013, le M23 s’est emparé de grandes parties de l’est du Congo et est entré à Goma, un centre économique stratégique, avant d’être chassé par les forces congolaises et de l’ONU vers l’Ouganda et le Rwanda.
En mars 2022, le groupe a lancé une série d’attaques et s’est emparé de vastes zones de l’est du Congo, affirmant que cette décision était une réponse défensive aux attaques des FDLR, qui, selon eux, collaboraient avec l’armée congolaise. L’armée congolaise a nié travailler avec les FDLR.
Comment et pourquoi le Rwanda est-il impliqué ?
Le gouvernement du Congo, les responsables de l’ONU et les puissances occidentales, dont les États-Unis et la Belgique, ont accusé le Rwanda de fournir un soutien au M23, notamment en armes et en soldats, malgré les dénégations répétées du Rwanda.
Le Rwanda et l’Ouganda ont une longue histoire d’intervention militaire au Congo. Les deux pays ont envahi le territoire en 1996 et 1998, prétendant se défendre contre les milices locales.
Les États-Unis ont exhorté le Rwanda à retirer son personnel militaire du Congo et à retirer ses systèmes de missiles sol-air.
Le Rwanda a imputé cette escalade à la décision du Congo de mettre fin au mandat des forces de maintien de la paix régionales. Il a ajouté que ses actions étaient motivées par des menaces à la sécurité nationale du Rwanda, notamment des déclarations de responsables congolais menaçant d’envahir le Rwanda.
Forces régionales impliquées
Les combats se sont poursuivis malgré de nombreux cessez-le-feu négociés par les dirigeants régionaux et les États-Unis en 2022 et 2023. Frustré par l’inefficacité des troupes régionales, notamment kenyanes, déployées pour imposer le retrait des rebelles, le Congo a décidé de mettre fin au mandat de la force régionale. , ce qui a conduit à son retrait en décembre.
En mai, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), composée de 16 membres, a approuvé une mission militaire dans l’est du Congo pour aider le pays à faire face à l’instabilité et à lutter contre les groupes armés.
Contrairement aux forces d’Afrique de l’Est, les troupes de la SADC, qui comprennent des forces d’Afrique du Sud, du Malawi et de Tanzanie, ont un mandat offensif pour soutenir l’armée congolaise dans sa lutte contre les groupes rebelles.
L’Afrique du Sud a annoncé qu’elle fournirait 2 900 soldats. Il a indiqué que deux de ses soldats avaient été tués et trois blessés par un obus de mortier dans l’est du Congo.