Le Kenya se « dissocie » de l’alliance des rebelles de la RDC après une dispute diplomatique

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Le ministère des Affaires étrangères du Kenya déclare qu’il « se dissocie fortement » d’une figure de l’opposition congolaise qui a forgé une alliance avec les rebelles à Nairobi.

Le Kenya s’est « fortement dissocié » d’une figure de l’opposition congolaise qui a forgé une alliance avec les rebelles à Nairobi, déclenchant un conflit diplomatique avec Kinshasa.

Le ministère kenyan des Affaires étrangères a déclaré dimanche qu’il enquêterait sur l’alliance politico-militaire après que la République démocratique du Congo (RDC) a rappelé son ambassadeur en signe de protestation.

La soi-disant Alliance du fleuve Congo, lancée vendredi, comprend des hommes politiques de la RDC et des groupes tels que les Rebelles du M23, qui se sont emparés du territoire dans l’est de la RDC, et Corneille Nangaa, ancien chef de la commission électorale de la RDC.

En réponse à cette évolution, la RDC a rappelé samedi ses ambassadeurs au Kenya et en Tanzanie pour des consultations. L’envoyé en Tanzanie a été rappelé car la Tanzanie abrite le siège du bloc de la Communauté de l’Afrique de l’Est, auquel appartient également la RDC.

Dans un communiqué, le ministre kenyan des Affaires étrangères, Musalia Mudavadi, a déclaré que le Kenya était au courant que certains ressortissants de la RDC s’étaient adressés à la presse au Kenya et avaient fait des déclarations « contraires à l’ordre constitutionnel de la République démocratique du Congo ».

« Le Kenya se dissocie fermement de toute déclaration ou activité susceptible de porter atteinte à la paix et à la sécurité de la nation amie de la RDC et a ouvert une enquête », a-t-il déclaré.

L’enquête, a déclaré le ministre, tenterait « de déterminer l’identité des auteurs de la déclaration et la mesure dans laquelle leurs propos ne relèvent pas de la protection constitutionnelle ».

La nouvelle alliance, qui, selon Nangaa, vise à regrouper divers groupes armés, milices et organisations sociales et politiques congolaises, constitue une préoccupation supplémentaire dans une région où l’insécurité persiste depuis des décennies, alimentée par des rivalités ethniques et une lutte pour les ressources.

« Activités subversives »

La querelle diplomatique survient dans un contexte de tensions sécuritaires croissantes à l’approche des élections présidentielles du 20 décembre en RDC, en proie à une guerre civile depuis décennies.

Après plusieurs années d’inactivité, les rebelles du M23 ont repris les armes fin 2021 et se sont emparés de grandes parties de la province orientale du Nord-Kivu. Le conflit a déplacé quelque sept millions de Congolais à l’intérieur de leur propre pays.

Selon Human Rights Watch, plus de 1,5 million de Congolais ne pourront pas voter dans les zones touchées par le conflit et des millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays seront confrontées au même défi.

Nangaa, justifiant la formation de la nouvelle alliance, a déclaré que l’État est trop « faible » pour assurer l’ordre dans ce pays pauvre et meurtri par la guerre, et qu’un nouveau mouvement doit combler le vide.

Le porte-parole du gouvernement de la RDC, Patrick Muyaya, a accusé Nangaa d’être « antipatriotique » et de lancer des « activités subversives ».

La chef de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC, Bintou Keita, s’est déclarée « extrêmement préoccupée » par l’alliance récemment annoncée.

« J’appelle tous les acteurs politiques à agir dans le cadre de la Constitution et à respecter les droits de l’homme et l’État de droit », a-t-elle écrit sur X, anciennement Twitter.