Les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 se sont intensifiés jeudi dans la ville de Mweso, dans l’est du pays, où les habitants ont déclaré qu’au moins 13 personnes avaient été tuées par des tirs d’artillerie.
Des milliers de personnes, dont du personnel médical et des travailleurs humanitaires, ont été prises dans les échanges de tirs.
Des enfants en bas âge figuraient parmi les morts dans deux zones résidentielles, ont indiqué des habitants locaux contactés par l’AFP, précisant que le bilan était provisoire.
L’armée de la République démocratique du Congo (RDC) a accusé les « terroristes du M23 soutenus par l’armée rwandaise » d’avoir « bombardé aveuglément » la ville, tuant 19 personnes et en blessant 17 autres.
Des photos et des vidéos prises jeudi par des témoins dans la ville montrent des cadavres démembrés et éviscérés éparpillés sur les décombres des maisons bombardées.
Un habitant du quartier s’est dit « très effrayé » pour les milliers de personnes qui s’étaient « cachées à l’hôpital ».
L’ONG française Médecins sans frontières a des employés à l’hôpital de Mweso et a fait état mercredi de « combats intenses » autour de l’établissement.
Les forces de la RDC, soutenues par des groupes armés progouvernementaux, ont lancé lundi une offensive contre Mweso, contrôlée par les rebelles, située à 60 kilomètres (40 miles) de la capitale provinciale Goma.
Un enfant de six ans est mort au début des combats et deux civils ont été blessés.
Des témoins ont déclaré à l’AFP que des « bombes » étaient tombées sur la ville en provenance de zones tenues par l’armée.
Mardi, il y a eu une accalmie mais les affrontements ont repris mercredi.
Mercredi, au moins une douzaine de blessés se sont rendus à l’hôpital par leurs propres moyens, les ambulances étant bloquées par les combats. Une personne est décédée des suites de ses blessures, selon des sources médicales.
Une douzaine d’autres civils blessés étaient soignés dans des cliniques de fortune situées à la périphérie de la ville, ont indiqué les sources.
Les habitants se sont enfermés chez eux et ont déclaré jeudi à l’AFP que, alors que les affrontements s’intensifiaient, il était beaucoup trop dangereux de s’aventurer dehors.
« Mes enfants n’arrêtent pas de pleurer », a déclaré une mère au téléphone, ajoutant qu’ils n’avaient pas de nourriture.
« S’ils continuent de pleurer, ces combattants pourraient nous trouver ici et nous tuer », a-t-elle déclaré.
Les affrontements se sont poursuivis jeudi soir avec des explosions entendues dans toute la ville.
Les soldats de la paix de l’ONU, stationnés à 10 kilomètres au sud et à 20 kilomètres au nord de Mweso, n’étaient pas encore intervenus.
« Boucliers humains »
La mission des Nations Unies a publié lundi soir un communiqué affirmant que les combattants du M23 avaient empêché les habitants de Mweso de se déplacer vers des zones plus sûres.
Les rebelles « visaient à utiliser les civils comme boucliers humains contre d’éventuelles attaques » de l’armée, indique le communiqué.
Mercredi à Kitshanaga, à 10 km de Mweso, les rebelles du M23 avaient stoppé une patrouille de maintien de la paix de l’ONU et bloqué leur passage, selon un document interne consulté par l’AFP.
« Les officiers du M23 ont informé l’équipe de patrouille » qu’ils « ont désormais besoin de l’autorisation des dirigeants » du M23 pour circuler dans la zone.
Les deux territoires de Rutshuru et Masisi, dans la vaste province du Nord-Kivu, à l’est du pays, ont subi le plus gros des combats entre le M23 et les forces gouvernementales.
Après des années d’inactivité, le M23 (Mouvement du 23 mars) a repris les armes fin 2021 et s’est depuis emparé de vastes pans de la province.