La RDC s’engage à restaurer les « forêts urbaines » autour de Kinshasa comme première ligne de défense

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La République Démocratique du Congo (RDC) est un pays riche mais avec de faibles perspectives environnementales.

Ses forêts naturelles, qui représentent un tiers des 165 millions d’hectares du bassin du Congo, sont exploitées depuis des décennies pour leur bois dur par les Chinois et d’autres acheteurs extérieurs.

Et ses forêts urbaines ont été perpétuellement coupées par les citadins à un point tel que même les utilisateurs y voient une alarme, à mesure que les populations augmentent dans les villes et que les arbres disparaissent.

Pourtant, les arbres en RDC ne servent pas seulement à fabriquer des meubles ou à servir de combustible pour la population locale. Il s’agit d’un environnement plus propre. Pendant des années, les gens ont cru que le puits de carbone de la RDC pourrait protéger le pays de tout impact du changement climatique, et pour cause.

Des recherches scientifiques menées récemment par l’Université de Gand en Belgique, avec des expériences dans la forêt de RDC, ont montré que le bassin du Congo est le premier poumon de la planète.

« Les forêts du bassin du Congo stockent plus de dioxyde de carbone par hectare et par an que l’Amazonie », a déclaré Michel Baudouin, directeur de l’ERAIFT, l’École régionale de formation postuniversitaire en gestion intégrée des forêts et terres tropicales/Unesco).

« Contrairement à ce que l’on dit, cette forêt n’est pas le deuxième poumon de la planète, mais le premier poumon. C’est peut-être la deuxième plus grande superficie forestière, mais elle détient la plus grande capacité de séquestration du carbone », a déclaré Michel Baudouin.

Le chercheur en écologie Richard Kitenge explique que la pollution de l’air et du sol causée par les activités minières industrielles peut être corrigée par les arbres.

M. Kitenge a exposé les résultats de ses recherches sur les villes de Lubumbashi, Likasi et Kolwezi au sud de la RDC (2 millions de tonnes de cuivre produites par an et plus de 100 000 tonnes de cobalt).

Selon ses conclusions, la replantation d’arbres dans les zones minières peut contribuer à réduire l’impact des résidus de métaux lourds et d’autres agents chimiques présents dans le sol et dans l’air. C’est ce qu’il appelle la phytoremédiation ou phytotechnologie.

Il recommande cependant des méthodes simples et pratiques.

Alors que les nations marchandaient à Dubaï lors de la conférence COP28 sur le changement climatique, la RDC s’est engagée à restaurer les « forêts urbaines » autour de Kinshasa. Kinshasa compte plus de 15 millions d’habitants, selon les estimations du gouvernement congolais, contre seulement trois millions en 1990. Cet afflux de Kinshasa utilise du charbon de bois pour cuisiner.

 « C’est l’une des sources d’énergie, presque la seule, en cas de coupure de courant. Couper du bois est inévitable. Replanter des arbres est la seule solution », a déclaré Eustache Kidikwadi, expert en environnement à l’Université de Kinshasa.

A Kinshasa, les écologistes établissent déjà une corrélation entre la disparition des forêts urbaines et les fortes pluies qui s’abattent de plus en plus sur la ville, entraînant souvent des glissements de terrain et des morts humaines.

En fait, le gouvernement a lancé l’initiative de restauration des forêts.

« Maintenir la position de la RD Congo comme Pays-Solution à la crise climatique commence par planter des arbres là où cela est possible, et par sauver un arbre d’un abattage certain, par trouver des alternatives et des substituts à cet abattage », a déclaré Eve Bazaïba, Ministre de l’Environnement et du Développement durable de la RDC, à Dubaï.

La RDC, comme la plupart des pays africains, souhaite que les riches pollueurs indemnisent les pauvres preneurs de leurs déchets, ce qui est techniquement connu sous le nom de justice climatique.

« Il est temps de compenser, au nom de la justice climatique, les efforts déployés par les pays les moins polluants, y compris ceux d’Afrique, pour préserver l’environnement, dans l’intérêt de notre planète entière », a déclaré Mme Bazaïba.

Le ministre a représenté le président Félix Tshisekedi à la COP2

Si la justice climatique se concrétisait, la RDC pourrait recevoir au moins 62 millions de dollars par an, selon Stéphanie Mbombo, envoyée spéciale du président pour le climat à la 28e Conférence des parties (COP28) à Dubaï.

« Les 62 millions de dollars sont destinés à renforcer les ambitions du chef de l’État dans le cadre de la nouvelle économie climatique, notamment en structurant le marché des crédits carbone. Ces fonds contribueront également à protéger nos tourbières, qui sont de puissants puits de carbone », ajoute le communiqué du bureau de Mme Mbombo pour la nouvelle économie climatique.

La même source indique que la RDC entend créer l’Institut pour la nouvelle économie climatique pour le bassin du Congo, qui sera un outil essentiel pour définir une politique cohérente sur le changement climatique.

Lors de la COP 28, des centaines de scientifiques, dirigés par des chercheurs d’Afrique centrale, se sont réunis pour lancer une initiative soutenue par l’ONU, le Groupe scientifique du bassin du Congo, visant à approfondir les recherches sur le bassin du fleuve Congo et sa forêt tropicale.