Tshisekedi : leader contesté de la RD Congo pour 5 ans supplémentaires

Tshisekedi

Connu sous le surnom de « Fatshi » – une abréviation de son nom – Tshisekedi a dirigé la RDC à travers la pandémie de Covid et la rébellion en cours du M23 dans l’Est, riche en minerais.

Tshisekedi est arrivé au pouvoir en promettant des progrès en matière de développement, mais la vie reste dure pour la plupart des Congolais.

Le président congolais Félix Tshisekedi a remporté un deuxième mandat après des élections qualifiées de chaotiques et est désormais prêt à consolider son autorité dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Est. Lors de rassemblements pugnaces précédant le vote du 20 décembre, l’homme de 60 ans, arborant des chemises blanches et des casquettes de baseball, a exhorté les électeurs à le laisser « consolider ses acquis », affirmant des progrès en matière de développement et de sécurité.

Il l’a emporté contre 25 autres candidats lors du scrutin présidentiel à un tour, remportant environ 73 pour cent des suffrages exprimés, selon les résultats provisoires annoncés dimanche par la commission électorale du pays.

L’ampleur de la victoire du président est écrasante – et l’opposition politique de la République démocratique du Congo a allégué que les irrégularités du vote expliquent l’énorme marge sur ses rivaux. Le vote a été prolongé sur plusieurs jours en raison du chaos bureaucratique, ce qui a amené des personnalités de l’opposition à appeler à un nouveau scrutin après ce qu’ils ont qualifié de « chaos total » et de « simulacre d’élection ».

Connu sous le surnom de « Fatshi » – une abréviation de son nom – Tshisekedi a dirigé la RDC à travers la pandémie de Covid et la rébellion en cours du M23 dans l’Est, riche en minerais.Le succès de son premier mandat est souvent considéré comme mitigé : l’économie a progressé mais l’inflation monte en flèche et un chômage élevé reste la norme. Lors de sa campagne de réélection, Tshisekedi a claironné sa suppression des frais de scolarité dans le primaire et a promis de créer des millions de nouveaux emplois.Il accuse également régulièrement les opposants de travailler pour des intérêts étrangers.

 Sortir de l’ombre du père 
Le père de Tshisekedi, Etienne, était le principal opposant à l’ancien dictateur Mobutu Sese Seko.

D’origine Luba, originaire de la région du Kasaï au Congo, Félix y a suivi son père à l’âge de 19 ans, lorsque ce dernier a été banni de la capitale. Trois ans plus tard, Mobutu autorise Félix, sa mère et ses frères et sœurs à s’exiler en Belgique.

Il a ensuite commencé à gravir les échelons du parti UDPS de son père et a remporté en 2011 un siège parlementaire dans la ville kasaïenne de Mbuji-Mayi. Mais Tshisekedi a refusé d’occuper ce siège sur instruction de son père, qui considérait le président de l’époque, Joseph Kabila, comme un dictateur.

Etienne Tshisekedi est décédé en 2017, un an avant que son fils ne se présente à la présidentielle lors d’une élection âprement contestée.

Une fois au pouvoir, Félix Tshisekedi a commencé à soigner son image publique et à voyager beaucoup à l’étranger, contrairement à son prédécesseur solitaire.

Il a également rompu un accord de coalition avec Kabila et s’est retiré seul.

Oiseau de nuit

Le président, marié et père de famille, est connu pour sa voix douce et son écoute.

Un responsable qui a travaillé en étroite collaboration avec Tshisekedi et a requis l’anonymat l’a également décrit comme respectueux, ajoutant que « j’ai été frappé par son humilité ».

Tshisekedi a également la réputation d’être un fêtard lève-tard, qui dirige le pays la nuit.

Les discours présidentiels prononcés vers minuit sont fréquents, et plusieurs responsables ont déclaré à l’AFP que les réunions au sommet du gouvernement se tenaient souvent tard dans la nuit.

La RDC est l’un des pays les plus pauvres au monde et en proie à la corruption. La combattre a été soulignée comme un objectif clé de la présidence de Tshisekedi.

Mais son bilan est inégal et de nombreux analystes considèrent qu’il donne la priorité à sa position politique.

Conflit

Tshisekedi est arrivé au pouvoir en promettant des progrès en matière de développement, mais la vie reste dure pour la plupart des Congolais.

Malgré une croissance économique théorique, l’inflation a atteint plus de 20 pour cent en octobre par rapport à l’année dernière, selon le Fonds monétaire international.

L’est du pays est également embourbé dans un conflit sanglant, l’offensive rebelle du M23 lancée fin 2021 ayant déplacé plus d’un million de personnes.

Les progrès dans la consolidation de la fragile démocratie de la RDC sont également au point mort : les autorités ont emprisonné des hommes politiques de l’opposition ainsi qu’un éminent journaliste.