Un tribunal du Zimbabwe interdit aux députés de l’opposition de participer à des élections partielles

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Un tribunal du Zimbabwe a interdit jeudi à la plupart des candidats de l’opposition de se présenter samedi aux élections partielles qui pourraient rapprocher le parti au pouvoir Zanu-PF d’une modification de la constitution. 

Cette décision constitue le dernier rebondissement dans une bataille pour le contrôle de la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), un parti d’opposition, dans un contexte de tensions politiques accrues dans ce pays riche en minerais.

La Haute Cour de Harare a donné raison à Sengezo Tshabangu, que les dirigeants du CCC considèrent comme un imposteur.

En octobre, prétendant être le secrétaire général par intérim du parti, Tshabangu a vu les sièges de 14 députés du CCC déclarés vacants par le Parlement.

Cela a déclenché des élections partielles dans neuf circonscriptions que le CCC a remportées selon un système majoritaire à un tour lors d’élections contestées en août. 

Les députés rappelés cherchaient à regagner leurs sièges lors des nouveaux votes prévus samedi. Tshabangu a fait valoir qu’ils ne pouvaient pas se présenter sous la bannière du CCC sans son approbation et a gagné devant le tribunal. 

Un juge de Harare a ordonné que les noms de huit des neuf législateurs soient rayés du scrutin. 

Le porte-parole du CCC, Promise Mkwananzi, a déclaré que le parti avait fait appel de la décision devant la Cour suprême.

Mkwananzi a déclaré que la décision montrait « la nature kangourou » des tribunaux du Zimbabwe et la « régression démocratique totale » depuis l’entrée en fonction du président Emmerson Mnangagwa en 2017.

« Les tribunaux du Zimbabwe ont cessé d’être un arbitre juste et neutre des différends et c’est inquiétant », a-t-il déclaré à l’AFP . 

Les victoires du Zanu-PF aux élections partielles le rapprocheraient de la majorité parlementaire des deux tiers nécessaire pour amender la constitution.

Il manque actuellement au Zanu-PF 10 sièges pour atteindre la majorité qualifiée sur les 280 membres du parlement. 

Les analystes estiment que le parti souhaite supprimer la limite de deux mandats présidentiels et permettre à Mnangagwa, 81 ans, de consolider son contrôle sur la nation.

Les critiques accusent depuis longtemps le Zanu-PF, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, d’utiliser les tribunaux pour faire taire les législateurs de l’opposition et les dissidents. 

Cette affaire a exacerbé les tensions politiques qui sont vives dans ce pays d’Afrique australe depuis le vote du 23 août qui, selon les observateurs internationaux, n’a pas respecté les normes démocratiques.

Le CCC, dirigé par Nelson Chamisa, avocat et pasteur de 45 ans, s’est plaint d’une campagne d’intimidation contre ses membres avant et après le vote.

Le parti a déclaré qu’un militant avait été enlevé mercredi, le dernier d’une série d’incidents similaires survenus ces dernières semaines au cours desquels un partisan du CCC a été tué et d’autres enlevés. 

Chamisa a déclaré que Tshabangu n’était pas membre du CCC, que le parti n’avait pas de secrétaire général et qu’il n’avait expulsé ni rappelé aucun député. 

Tshabangu, qui nie être un larbin du Zanu-PF, tente de rappeler 13 autres législateurs du CCC, et l’affaire est actuellement devant les tribunaux.