Le président de Guinée-Bissau déclare que les violences de cette semaine étaient une « tentative de coup d’État »

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Des affrontements entre deux factions de l’armée ont éclaté jeudi soir après la libération de deux responsables gouvernementaux.

Les tirs et les affrontements qui ont éclaté cette semaine dans la capitale de la Guinée-Bissau constituent une « tentative de coup d’État », a déclaré le président Umaro Sissoco Embalo.

Des affrontements entre la Garde nationale et les forces spéciales de la garde présidentielle ont éclaté jeudi soir à Bissau et se sont poursuivis vendredi après que les soldats de la Garde nationale ont libéré deux hauts responsables gouvernementaux détenus dans le cadre d’une enquête pour corruption.

Les troubles dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest ont fait au moins deux morts.

Embalo, qui était à Dubaï pour assister à la conférence sur le climat COP28, est arrivé samedi à Bissau et a déclaré qu’une « tentative de coup d’État » l’avait empêché de revenir.

« Je dois vous dire que cet acte aura de graves conséquences », a-t-il ajouté.

Le calme était revenu vendredi à midi dans un pays historiquement instable, suite à l’annonce de la capture par l’armée du colonel Victor Tchongo, commandant de la Garde nationale.

Samedi, la présence sécuritaire à Bissau a été réduite mais des militaires étaient toujours visibles autour de certains bâtiments stratégiques comme le palais présidentiel, la préfecture de la police judiciaire et certains ministères.

Certains officiers et soldats de la Garde nationale ont fui vers l’intérieur du pays, a indiqué samedi l’armée dans un communiqué, sans préciser de chiffres.

La CEDEAO condamne les violences

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a déclaré qu’elle « condamne fermement les violences et toutes les tentatives visant à perturber l’ordre constitutionnel et l’État de droit en Guinée-Bissau ».

« La CEDEAO appelle en outre à l’arrestation et à la poursuite des auteurs de l’incident conformément à la loi », a ajouté samedi l’organisation basée à Abuja dans son communiqué.

Le bloc régional a également exprimé « son entière solidarité avec le peuple et les autorités constitutionnelles de Guinée-Bissau ».

Le porte-parole du chef de l’ONU Antonio Guterres, Stéphane Dujarric, a appelé vendredi au calme et a exhorté les forces de sécurité et l’armée « à continuer de s’abstenir de toute ingérence dans la politique nationale ».

Allégations de corruption

L’agence de presse AFP, citant des sources militaires et des services de renseignement, a déclaré que des membres de la Garde nationale avaient pris d’assaut jeudi un commissariat de police pour libérer le ministre des Finances Souleiman Seidi et le secrétaire au Trésor Antonio Monteiro.

Les deux hommes avaient été interrogés jeudi matin au sujet du retrait présumé de 10 millions de dollars des caisses de l’État. Ils avaient été arrêtés sur ordre des procureurs nommés par le président.

Ils ont ensuite été de nouveau détenus après que l’armée les ait retirés du contrôle de la Garde nationale.

La Garde nationale est sous le contrôle du ministère de l’Intérieur qui, comme la plupart des ministères du pays, est dominé par le parti PAIGC dont la coalition a remporté les élections de juin 2023.

Il y a eu au moins 10 coups d’État ou tentatives de coup d’État en Guinée-Bissau depuis l’indépendance du Portugal en 1974, avec un seul président démocratiquement élu qui a accompli un mandat complet.

Embalo, qui a été élu pour un mandat de cinq ans en décembre 2019, a survécu à un renversement raté en février 2022.

L’Afrique de l’Ouest a été frappée par de multiples prises de pouvoir militaires au cours des trois dernières années, dont deux au Mali, une en Guinée, deux au Burkina Faso et une au Gabon.